Selon une note de France Stratégie, la baisse de la fiscalité sur les entreprises décidée par le gouvernement pourrait déboucher à terme sur une augmentation d'environ 20 % du nombre de voitures produites dans l'Hexagone.
Les décisions annoncées récemment par l'exécutif pour alléger la fiscalité des entreprises « pourraient avoir un impact important à court terme » sur l'industrie automobile en France, et relancer l'emploi et la production après deux décennies de déclin. C'est ce qu'avance une note de synthèse publiée jeudi par France Stratégie, qui s'est essayée à un chiffrage précis des retombées de ces mesures sur le secteur.
Le think tank, qui est rattaché au Premier ministre mais se définit comme « une institution autonome », a analysé les facteurs qui amènent les industriels à choisir un pays plutôt qu'un autre pour produire un modèle. Les données portent sur 69 constructeurs présents dans 50 pays, durant les années 2017 et 2018.
Casser le cercle vicieux
Selon France Stratégie, « le coût du travail ainsi que la fiscalité sur la production et les sociétés expliquent quasiment l'intégralité du déficit d'attractivité de la France vis-à-vis du Royaume-Uni, de l'Espagne et de la République tchèque ». La péninsule ibérique et l'Europe centrale ont été choisies depuis vingt ans par Renault et PSA pour transférer une partie de la production autrefois affectée aux usines tricolores, contribuant à faire passer le Made in France sous les deux millions d'unités cette année - contre 3,35 millions en 2000.
Ces délocalisations ont enclenché un cercle vicieux : la réduction du nombre de voitures assemblées en France a réduit les économies d'échelle qui profitaient notamment aux sous-traitants, ce qui a aggravé le déficit de compétitivité, indique l'étude.
20 % de production en plus
En se basant sur le comportement passé des entreprises, les auteurs font une évaluation très positive des mesures de baisse de coûts de production prises par le gouvernement. La baisse de l'impôt sur les sociétés à 25 % en 2022 (contre 33 % en 2018) devrait selon leurs calculs déboucher sur la production de 250.000 voitures supplémentaires sur le sol français, et créer 12.000 emplois directs.
L'effet de la baisse des impôts de production (décidée dans le cadre du plan de relance, et qui n'est pas spécifique à l'automobile, comme celle de l'IS), est jugé plus faible, avec 68.000 véhicules et 3.300 emplois directs à la clef. Au total, « au bout de quelques années, la production [de voitures en France, NDLR] pourrait augmenter d'environ 20 %, et le déficit commercial serait divisé par trois », estime l'étude. Les aides à l'innovation ont elles un impact plus mitigé, car elles profitent aussi in fine aux sites des constructeurs français situés hors de l'Hexagone.
La voiture électrique, une aubaine à saisir pour l'industrie française
Ces résultats restent à prendre avec précaution, précisent les auteurs, car ils n'intègrent pas la mutation accélérée vers l'électrique, qui est en train de chambouler la chaîne de valeur dans le secteur. Cependant, la décision de localiser un modèle à batterie dans une usine « apparaît jusqu'à présent largement régie par les mêmes déterminants » que ceux qui s'appliquent aujourd'hui pour les voitures thermiques.
Cette étude va fournir des arguments supplémentaires à la filière, qui plaide pour la poursuite des baisses de charge afin d'accompagner la transition énergétique et maximiser les investissements faits en France. Renault demande par exemple la création d'une « zone franche » pour le pôle Electricity qu'il vient de lancer dans le Nord, et qui doit produire la future R5 électrique en 2024, alors que le constructeur avait choisi depuis des années de fabriquer ses petits modèles hors des frontières.
Autres documents associés sur le site France Stratégie : Cliquez ICI